Les revolvers Whitney-Beals et Remington-Beals Pocket

Fordyce Beals est un inventeur employé par Remington, qui quitta cette société en 1854 pour s’associer à Eli Whitney dans la production d’un revolver de type « pocket » à 7 coups en calibre .31.

Beals déposa un brevet relatif à cette arme cette même année. Mais comme le brevet de Samuel Colt n’était pas encore échu, il prit soin d’éviter une des principales dispositions de ce brevet, c’est-à-dire l’indexation et le blocage simultanés du barillet par l’armement du chien.

Son arme est ainsi équipée d’une détente anneau qui fait tourner le barillet lorsqu’on la pousse vers l’avant et libère le chien préalablement armé lorsqu’on la tire vers l’arrière.

Ce revolver prit le nom de « Whitney-Beals Pocket revolver et fut vendu à environ 3000 exemplaires entre 1854 et la fin des années 1860 (il était également proposé en calibre .28).

A noter les encoches décalées situées d’une part à lavant du barillet et d’autre part à l’arrière de ce dernier. C’est dû à la tôle en forme de « T » dont un bras faisait tourner le barillet d’une moitié du trajet nécessaire à l’indexation et l’autre de la seconde partie de ce trajet lorsqu’on poussait la détente vers l’avant, entraînant le mouvement d’avant en arrière de cette tôle.


En 1856, Beals retourna chez Remington pour mettre au point ce qui allait devenir le Remington Beals Pocket revolver – 1er modèle.

Pour cela, il déposa deux brevets, le premier le 26 juin 1856 pour ce qui concernait le mode de rotation du barillet et le deuxième le 24 mai 1957 pour ce qui concernait l’arrêt de ce dernier.

Là encore, Beals devait tenir compte du brevet Colt et prévit un barillet sans encoches de blocage, l’indexation étant assurée d’une part par un levier extérieur entraînant la rotation du barillet, et d’autre part par un ressort terminé par une forme en demi-ovale et fixé par une vis sur le bouclier, qui venait se positionner dans une des alvéoles des cheminées.

Ce revolver à 5 coups en calibre .31 se vendit entre 4500 et 5000 exemplaires entre 1857 et 1858. Il est à noter que ce fut apparemment le premier revolver américain équipé d’une crosse en gutta-percha (caoutchouc durci).


Il y eu ensuite, entre 1858 et 1859, un 2ème modèle qui ne différait du premier que par des modifications « esthétiques » et qui ne fut produit qu’à environ 1000 exemplaires


Puis en 1859 sortit le 3ème modèle dont la forme était modernisée et préfigurait le Remington New Model Pocket de 1865. Il était cette fois équipé d’un levier de chargement et fut également produit à environ 1000 exemplaires entre 1859 et 1860.


Pour l’anecdote, en 1856 fut produit, à moins de 10 exemplaires, un prototype de Remington-Beals Army revolver à 6 coups en calibre .44 qui était en fait un pocket 1er modèle en plus gros.

Beals a continué son travail avec la mise au point des Remington Beals Army et Navy, précurseurs des New Modèles 1863 que vous connaissez tous.

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Fordyce en avait dans le ciboulot !!!
Le revolver Whitney-Beals Pocket est vraiment une belle invention tenant compte des limitations dues aux brevets Colt.
Bien vu !

Pour une fois, je trouve cette arme assez sympa et je serais bien content d'en posséder une.


Je me demande néanmoins pourquoi l'inventeur quitta la firme Remington pour la rejoindre quelques années plus tard ?
(Une dispute avec son associé Eli ???)



Merci pour cette découverte, très cher Patibulaire.

TOP !!!!!

Merci de nous avoir fait découvrir ces modèles avec de magnifiques photos et explications.

Si le nom de Remington Beals m'est assez connu, c'est surtout pour des modèles (Army et Navy) qui viendront un peu plus tard, vers 1861 et qui commencent à ressembler aux très connus Remington Army et New Army de 1863, hormis le "voile" triangulaire qui est encore minuscule et qui ira en grandissant.
Par contre, je ne connaissais pas ces revolvers mis au point par Beals antérieurement.

Lorsque Beals retourne chez Remington, pourquoi encore tenir compte du brevet Colt expiré en février 1857, du moins après cette date ?

Le problème, Lone Rider, est que Colt a fait des pieds et des mains pour obtenir une prorogation de son brevet. Pour cela, il est même monté jusqu'au sénat.

Beals a certainement eu peur qu'il obtienne gain de cause. Il n'y avait en effet que 3 mois écoulés entre l'échéance du brevet Colt et l'obtention du dernier brevet Deals.

Vu comme ça !
C'est vrai que si Colt avait obtenu satisfaction, c'était beaucoup de travail qui tombait à l'eau.
Encore merci pour ces explications détaillées !

Encore une belle découverte, et une très belle présentation, bien compréhensible grâce aux photos. Merci Pat (vérifié le tuyau d'arrosage et ne renverse pas le seau)

Johnny, ce n'est pas de l'eau que contiendra le seau, et le tuyau ne sera pas relié au réseau d'eau...

Lone Rider a écrit:
Si le nom de Remington Beals m'est assez connu, c'est surtout pour des modèles (Army et Navy) qui viendront un peu plus tard, vers 1861 et qui commencent à ressembler aux très connus Remington Army et New Army de 1863, hormis le "voile" triangulaire qui est encore minuscule et qui ira en grandissant.
Par contre, je ne connaissais pas ces revolvers mis au point par Beals antérieurement.

Il est à noter que le Remington-Beals 3ème modèle préfigure déjà bien les Army et Navy à venir, avec son axe de barillet maintenu par le levier de chargement. Cependant, "l'ergot servant à sortir cet axe ne dépasse que du côté droit de l'arme.

Je vous mets par ailleurs une photo de près pour mieux voir le ressort de blocage du barillet ainsi que le linguet extérieur qui entraine la rotation de ce dernier (les deux fonctions étant ainsi séparées, Colt ne pouvait rien dire....

Merci pour ce complément d'infos illustrées !

C'est marrant, cet ergot d'axe de barillet seulement à droite !

merci pour la découverte !!! tu es une véritable encyclopédie !!!!

Comparaison entre le Remington Beals 3ème modèle et le Remington New Model Pocket qui lui a succédé. Bien que les deux armes aient la même longueur totale, le barillet du Beals est plus long de 6 mm et le canon de 4 mm. Pour autant, la prise en main du Beals est excellente.

Le new model pocket préfigure très bien la suite de la lignée Remington. Très belles pièces en tout cas.

Johnny Reb a écrit:Le new model pocket préfigure très bien la suite de la lignée Remington. Très belles pièces en tout cas.

En fait, Johnny, le New Model Pocket est sorti en 1865, soit 2 ans après les New model Army et Navy. Ca a été le petit dernier de la lignée avec le modèle Police.

Damned ! onomatopée des vielles bd de "cow boys". Les neurones n'étaient pas tous en activité au moment de mon post.

Encore merci Patibulaire pour toutes les explications et les détails techniques. C'est vraiment très intéressant.

Je deterre ce sujet car j'ai omis de préciser que le brevet déposé par Beals le 14 septembre 1858 relatif à l'axe de barillet du 3eme modèle du Beals pocket maintenu par le levier de chargement est celui dont la date figure sur tous les Remington New Model Army, Navy, Belt et Pocket.

Date qui a donné erronément le nom de Remington 1858 à tous ces modèles, du moins chez les fabricants de répliques.
A noter que d'autres armes de toutes marques ont aussi la date d'un brevet poinçonnée sur le canon mais, seuls les Remington en ont pris le nom.

Lone Rider a écrit:Date qui a donné erronément le nom de Remington 1858 à tous ces modèles, du moins chez les fabricants de répliques.
A noter que d'autres armes de toutes marques ont aussi la date d'un brevet poinçonnée sur le canon mais, seuls les Remington en ont pris le nom.

C'est tout à fait vrai, Lone Rider ! Je n'avais jamais pensé à cette singularité des Remingtons.

Je viens de recevoir un très bel ouvrage écrit par Charles Schif, qui collectionne exclusivement les Remington Beals Pocket 1er, 2ème et 3ème modèle depuis 1964 !

Parmi les très belles images en couleur de ce livre figure un croquis montrant les pièces détachées des trois modèles. Je crois qu'il est difficile de faire plus simple !

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Bel ouvrage...

En regardant le croquis on peut en effet dire qu'il n'est presque pas possible de faire plus simple.

TOP !!!!

Comme je dis souvent dans mon boulot: Less code, less bugs. C'est pareil avec la mécanique en général, plus c'est simple et plus c'est fiable.