Les revolvers Plant "cupfire" et Moore "teatfire"

Grâce au rachat des droits du brevet de Rollin White couvrant le percement des chambres du barillet au même diamètre de part en part, et permettant donc l'introduction des cartouches par l'arrière, Smith & Wesson s'arrogèrent le monopole de la production de révolvers à cartouches métalliques fonctionnant sur ce principe entre 1857 et 1872, du moins aux Etats-Unis.

Il y eu naturellement beaucoup de concurrents qui tentèrent d'enfreindre ce monopole en produisant quand même de telles armes, mais S&W veillait au grain et intentait aussitôt des procès aux contrevenants.

D'autres tentèrent avec plus ou moins de succès de contourner ce brevet en perçant quand même les chambres du barillet de part en part, mais pas au même diamètre sur toute la longueur, ce qui faisait que S&W ne pouvait rien faire contre. Parmi ceux-ci figuraient notamment Plant avec ses revolvers à cartouche "cupfire" se chargeant par l'avant du barillet, produits à environ 8000 exemplaires pour le modèle Army en calibre .42 et 20000 exemplaires pour le modèle Pocket en calibre .30, et surtout Moore avec ses revolvers à cartouches "teatfire" calibre .32 se chargeant également par l'avant, produits à environ 30000 exemplaires entre 1864 et 1870.

Voici ces armes et leurs cartouches :






Je n'ai pas de détail sur la façon dont se termina la production des revolvers Plant, mais pour ce qui concerne les Moore, Smith & Wesson n'eurent pas d'autres solutions que de racheter la Moore's Patent Firearms Company pour faire cesser la production qui leur faisait de l'ombre...

Très intéressant et, en ce qui me concerne, m'éclaire sur un sujet un peu nébuleux !

Une question au sujet du brevet Rollin White : sauf erreur de ma part, ce brevet aurait été déposé en 1855 pour une durée de 14 ans donc, jusqu'en 1869.
Pourtant, on évoque souvent 1872 comme la fin du brevet. Et S&W se sont réellement servis de ce brevet à partir de 1857 avec leur revolver n° 1.
Le brevet aurait-il été prolongé jusqu'en 1872 ? Changement de législation sur la durée des brevets ?
Et en plus, Colt sort seulement ses conversions Richards, Richards-Mason et Open Top vers 1872, comme s'il avait dû attendre la fin du monopole S&W ?!?

Pour un peu, j'aurais oublié celui qui fut sans aucun doute le plus malin, en l'occurrence Slocum avec son revolver à chambres coulissantes. En effet, si les chambres étaient bien percées de part en part au même diamètre, le barillet lui-même ne l'était pas (sa face arrière laissant juste passer le percuteur) et S&W ne purent donc rien dire.

L'arme avait par ailleurs l'avantage d'utiliser des cartouches normales cal.32 à percussion annulaire, et le fait de pousser la chambre vers l'avant faisait pénétrer l'extracteur fixe qui éjectait l'étui vide et permettait de placer une cartouche neuve. Slocum en vendit plus de 10000 exemplaires entre seulement 1863 et 1864.


Il faut aussi dire que lorsqu'on regarde les revolvers Plant par exemple, on s'aperçoit qu'il en fallait assez peu pour contourner le brevet Rollin White, puisque, si les chambres du barillet ne sont pas percées au même diamètre de part en part, le rétreint à l'arrière de ce dernier n'est vraiment pas important.

Les armuriers de l'époque ont bien du en vouloir à Rollin' White et son brevet...
et S&W se frotter les mains !



Arme très 'spéciale' que ce revolver Plant au barillet se chargeant par l'avant.
Les cartouches au téton sont vraiment uniques.

J'ai remarqué que ces revolvers d'époque Plant étaient tous en très bon état.
N'auraient-ils à l'époque pas beaucoup fait feu ?
Ou était-ce des armes chères dont les propriétaires prenaient extrêmement soin ?
Ou ...


Voici mon exemplaire:

Lone Rider a écrit:Très intéressant et, en ce qui me concerne, m'éclaire sur un sujet un peu nébuleux !

Une question au sujet du brevet Rollin White : sauf erreur de ma part, ce brevet aurait été déposé en 1855 pour une durée de 14 ans donc, jusqu'en 1869.
Pourtant, on évoque souvent 1872 comme la fin du brevet. Et S&W se sont réellement servis de ce brevet à partir de 1857 avec leur revolver n° 1.
Le brevet aurait-il été prolongé jusqu'en 1872 ? Changement de législation sur la durée des brevets ?
Et en plus, Colt sort seulement ses conversions Richards, Richards-Mason et Open Top vers 1872, comme s'il avait dû attendre la fin du monopole S&W ?!?

Effectivement, Lone Rider, le brevet Rollin White a bien échu en 1869, mais S&W, qui avaient une véritable armée d'avocat, a réussi à repousser l'échéance jusqu'à 1872 à force de procès.

Concernant ce brevet, Rollin White, qui était employé chez Colt, l'a d'abord présenté à Samuel Colt qui l'a "envoyé balader" et on peut comprendre pourquoi car il avait pour objet la production d'un revolver à cartouche papier dont le barillet était alimenté par un chargeur vertical placé au-dessus du bâti. J'ai vu une fois une photo du prototype (malheureusement, je ne sais plus où et je n'ai pas réussi à la retrouver), et c'était une véritable usine à gaz avec son chargeur qui empêchait toute visée.

S&W ont donc eu l'intelligence de détecter au milieu des dispositions de ce brevet  très compliqué la partie concernant uniquement le perçage des chambres du barillet, ce qui leur permettait d'avoir le monopole des armes permettant l'utilisation de la cartouche métallique de calibre .22 qu'ils venaient de mettre au point.

SHOOTIN' STEVE a écrit:

J'ai remarqué que ces revolvers d'époque Plant étaient tous en très bon état.
N'auraient-ils à l'époque pas beaucoup fait feu ?
Ou était-ce des armes chères dont les propriétaires prenaient extrêmement soin ?
Ou ...

Effectivement, Steve, si les modèles pocket de Plant ont bien été achetés et utilisés par les civils, le modèle army, qui n'a jamais réussi à intéresser les militaires n'a pas non plus rencontré beaucoup de succès auprès des civils car trop gros et trop lourd.

Merci à Patibulaire pour ses précieuses explications !
L'histoire de Rollin White au début du brevet, avec ses démêlés avec Colt, est souvent racontée dans les bouquins.
Par contre, la fin n'est pratiquement jamais évoquée, au point d'avoir une confusion avec les dates.

Tiens, c'est bizarre Steve, je ne vois pas l'espèce de chargeur vertical dont je parlais plus haut. En tous cas, un grand merci pour avoir déniché ces photos de prototype !

Je crois que le chargeur vertical dont tu parles se trouve à côté des cartouches papier sur la photo... ?!

J'aurais juré avoir vu, moi aussi, une photo d'un revolver Rollin White complet. Mais, je n'arrive pas à la retrouver.
Quoiqu'il en soit, on peut quand même comprendre Samuel Colt qui a "éconduit" Rollin White en voyant ce bazar.

En réalité, le barillet foré de part en part qui a intéressé S&W, n'est pas la pièce maitresse du système Rollin White. C'en était qu'un élément.
Merci à Steve d'avoir complété les recherches de Patibulaire !!!

Pour l'anecdote, je possède un autre Moore teatfire qui a dû appartenir à un Américain amateur de bons vins, car il est gravé de pampres de vigne sur le barillet ainsi que sur le dessus du canon, et entièrement plaqué argent.

A votre bonne santé !

Le revolver de Bacchus !!!

En effet, c'est assez rare comme type de gravures.
J'en avais jamais vu auparavant sur une arme.

Magnifique pièce néanmoins !!!

TOP !!!