Mon Moore Teatfire mystère

J'ai toujours aimé les revolvers Moore teatfire avec leur drôle de tête et leur ingénieux système de chargement par l'avant du barillet, destiné à contourner le brevet Rollin White.

D'ailleurs, à l'époque, ces revolvers de calibre .32 ont eu un certain succès, puisqu'il en a été fabriqué 30 000 exemplaires entre 1864 et 1870, date à laquelle Colt racheta la National Arms Company qui les fabriquait (elle fabriquait également les derringers qui furent ensuite vendus sous la marque Colt et l'appellation de First et Second Model Deringer).

Aujourd'hui, on trouve, où on trouvait encore il y a peu, ces "teatfire" (nom donné à la cartouche en raison de son culot en forme de téton) pour le prix d'une réplique, ce qui explique que j'en possède trois.

Dans son ouvrage "Guide To American Antique Firearms", Flayderman précise que l'arme était proposée avec une seule longueur de canon de 3 1/4 pouces et avec ou sans crochet extracteur d'étuis. Or, si mes deux premiers exemplaires correspondent bien à cette description, il n'en est pas du tout de même pour le troisième, qui montre les différences suivantes :
1) le canon ne mesure que 2 3/4 pouces au lieu de  3 1/4, et il n'a pas été raccourci car il a la même extrémité de canon arrondie que les autres et son guidon est inséré en bonne place dans ce dernier ;
2) la carcasse des deux premiers présente des angles arrondis, et leurs plaquettes de crosse ont des faces également arrondies, alors que le troisième a une carcasse avec des angles vifs et des plaquettes de crosses aux faces totalement aplaties ;
3) le chien du troisième a une forme différente des deux autres.

J'ai montré des photos de ce troisième exemplaire à un collectionneur américain qui s'intéresse à cette arme depuis longtemps et la connait donc très bien, et il a été très étonné de ces différences sans pouvoir m'apporter la moindre explication.

Tes trois revolvers sont splendides et bien désirables, cher Patibulaire...   TOP !!!

Je remarque que celui du milieu (plaqué or aux belles crosses en ivoire) n'a pas de guidon ?!?

Comme quoi, on peut encore découvrir des variantes de modèles pourtant connus et que les spécialistes ne connaissent pas.
Très beau triplé !

C'est le même Daniel Moore, inventeur de ce Teat-Fire, qui a également mis au point le deringer n° 1 et la cartouche .41 short rimfire.
Quelqu'un qui avait des idées !

SHOOTIN' STEVE a écrit:
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Je remarque que celui du milieu (plaqué or aux belles crosses en ivoire) n'a pas de guidon ?!?

Oui Steve, un de ses anciens propriétaires a jugé bon de limer le guidon. On en voit encore la base dans le canon.

J'ai omis de préciser que le troisième teatfire porte le numéro de série 30148, ce qui indique qu'il doit s'agir d'un des tout derniers exemplaires sortis, puisque Flayderman donne un chiffre de fabrication de 30 000 exemplaires.

L'homme (ou la femme !!!) propriétaire original de ce beau petit revolver a peut-être limé le guidon pour pouvoir sortir l'arme plus facilement et rapidement de sa poche (ou de sa jarretière).

Qui le dira... ?

Je reviens sur ce système Teatfire...
Mon questionnement est proche de celui pour le système Plant : dans le Teatfire, je suppose que le barillet est fermé à l'arrière sauf une ouverture permettant le passage du téton de la cartouche.
Qu'est-ce qui retient la cartouche à sa place lorsque le chien vient la percuter ? N'a-t-elle pas tendance à avancer dans sa chambre puisqu'elle n'est pas retenue à l'arrière par un bourrelet comme c'est le cas pour les revolvers "normaux" ? Si elle avance, elle n'est pas percutée. Il doit bien y avoir un "truc" ?!?

Effectivement, Lone Rider, il y a bien un petit trou à l'arrière du barillet du Moore teatfire pour laisser passer le téton, alors que sur le Plant, ce trou est juste un petit peu plus petit que le diamètre de la chambre.

Dans les deux cas, comme tu pourras le voir sur les photos ci-dessus, les cartouches ont un "évasement" de l'étui à l'avant qui les fait buter soit contre la tranche du canon lors de la percussion, soit contre la carcasse autour de l'axe du barillet pour les autres chambres. Elles ne peuvent donc en aucun cas sortir par l'avant.

SUPER bien expliqué, cher Patibulaire.
Je me posais en effet également la question..


TOP !!!!

Merci pour la réponse.

Petite précision néanmoins : si l'évasement de la douille vient buter sur la tranche (ou cône) du canon, est-ce que cela n'implique pas un entrefer assez important entre le barillet et le canon ?
Mais, peut-être que cet entrefer est comblé précisément par l'évasement de la douille et l'épaisseur du cuivre ?

Faut-il démonter le barillet pour le charger ou bien, y a-t-il une position précise de celui-ci qui permet de charger les chambres une-à-une, "ouverture" qui disparait lorsque le barillet est chargé et encliqueté en position de transport ?

Ne croyez pas que je pinaille sur des détails, j'aimerais simplement comprendre l'entièreté du processus que je ne connais pas.

Je comprends très bien tes questions, Lone Rider.

Sur le Moore teatfire, il y a un petit "escalier" (désolé, je ne connais pas le terme technique) à l'avant de chaque chambre où vient se loger l'évasement de l'étui.

Sur le Plant army en calibre .42, je ne vois pas d'escalier à l'entrée de la chambre et la seule cartouche que j'ai n'a pas d'évasement. Par ailleurs, il n'y aurait pas de quoi loger ce dernier car il n'y a pratiquement aucun entrefer. Je pense cependant que l'épaisseur de l'étui, même sans évasement, devait suffire à le bloquer contre l'entrée du canon ou la carcasse pour les autres chambres.

Quant à mon Plant pocket calibre .30, il a été converti pour le tir de cartouches de calibre .32 à percussion annulaire (très facile à faire, il a suffit d'aléser un peu les chambres et de faire un petit escalier, cette fois à l'arrière de la chambre pour loger le culot de la .32 RF). L'escalier à l'avant des chambres, s'il y en avait un, a donc disparu du fait de l'alésage. Là encore, l'entrefer est vraiment réduit.

OK, cette fois, j'ai bien compris.
On peut supposer que tout cela a été savamment calculé et essayé lors de la mise au point des revolvers.

Ce que tu appelles "escalier" doit être un "épaulement".

Merci pour ton éclairage. En fait, c'est la 1e fois que j'ai l'occasion de demander et donc, de lire des explications sur le processus de fonctionnement de ces 2 systèmes.
On trouve des descriptions facilement des revolvers, voire des munitions, mais jamais du fonctionnement des 2 ensemble.

Merci pour "l'épaulement" cher Lone Rider. Je connaissais le terme, mais le vocabulaire s'enfuit en même temps que les années...

Merci les amis 'techniciens'... tout est bien clair !

TOP !!!

très beaux !!!!

hello
j'avoue que j'ai un peu de mal a comprendre comment fonctionne cette cartouche ,c'est la première fois que je vois ça

C'est assez simple, Cromagnon. Le brevet Rollin White, détenu par Smith & Wesson, empêchait ses concurrents de forer les chambres au même diamètre pour pouvoir introduire les cartouches par l'arrière du barillet comme sur les revolvers modernes.

Parmi les astuces trouvées par ces concurrents pour contourner ce brevet (tombé dans le domaine public en 1871), il y avait donc ce système "teatfire" avec les chambres forées au calibre de la cartouche depuis l'avant du barillet jusqu'à quelques millimètres de l'arrière de ce dernier où il y avait juste un petit trou permettant de laisser passer le téton de la cartouche que le chien venait frapper. La balle est invisible, puisqu'elle est à l'intérieur de l'étui.

Voici quelques photos :

Je déterre ce sujet...
Je recherche une ou deux cartouches Teat-Fire pour ma collection.
Ce n'est pas très courant sur la marché.
Alors, si vous avez ça en trop ou que vous connaissez le moyen de s'en procurer, je suis preneur.

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Effectivement... pas évident à trouver !!!!

Lone Rider a écrit:Je déterre ce sujet...
Je recherche une ou deux cartouches Teat-Fire pour ma collection.
Ce n'est pas très courant sur la marché.
Alors, si vous avez ça en trop ou que vous connaissez le moyen de s'en procurer, je suis preneur.

Lone Rider, si je me souviens bien, j'avais eu les miennes chez Ives Devos. Tu pourrais lui demander à tout hasard. Sinon, il y a un site américain où j'ai déjà également acheté des cartouches anciennes. Il a actuellement 2 teatfire à vendre :

hello
ça doit pas courir les rues ces modèles de cartouches en europe
merci cher Pat pour toutes ces explications