WARNER Carbine (Civil War) calibre .56-50 Spencer

En 1861, une guerre civile éclate aux USA.

Jusque là, les troupes fédérales de l'US Army étaient peu nombreuses, et elles se retrouvent de facto divisées en deux camps opposés, chacune des parties essayant d'accaparer le matériel et l'armement disponible.

L'augmentation rapides des effectifs doit aller de paire avec leur équipement, et il faut donc faire feu de tous bois, même pour le Nord, pourtant plus industrialisé que le Sud.

C'est ainsi que de nombreux industriels se proposent, ou sont mis à contribution, pour l'effort de guerre.

Parmi eux un certain James WARNER conçu une carabine à carcasse laiton, comme beaucoup de ses collègues et concurrents, mono-coup, basée sur le principe du "breech loading" (appelé aussi "trapdoor", ou "à tabatière" chez nous).

Carabine légère, destinée à la cavalerie avec son anneau de selle (une variante fabriquée par un sous-traitant aura carrément une "tringle"), elle possède un canon d'une longueur de 20 ".

Le calibre initial est un calibre "maison", le calibre .50 Warner, qui ne donne pas entière satisfaction, et qui surtout complique l'approvisionnement en munition et donc la logistique. Raison pour laquelle les armes seront vite chambrée dans un calibre équivalent utilisés par d'autres armes, le 56-56 Spencer, puis le 56-50 Spencer; La munition, comme presque toutes celles de cette époque en "gros calibre" et douilles métalliques, est une munition à percussion annulaire, ou "Rim Fire".

Le maniement est assez simple sur le plan mécanique: une fois le chien positionné au cran de 1/2 armé, on pousse un petit "téton" situé juste à coté qui permet de libérer l'ouverture de la portière de chargement (ce même système, équipé d'un ressort", assure également le blocage de la trappe de chargement une fois fermée). L'accès à la chambre est alors possible et l'on peut y introduire la cartouche. il suffit de rabattre la trappe qui se verrouille, puis d'armer le chien en le tirant complétement en arrière afin de pouvoir faire feu.

Une fois le coup parti, on positionne à nouveau le chien au demi-armé, on pousse le téton pour ouvrir la chambre, et un poussoir mécanique situé sous la carcasse permet de pousser la douille vide hors de la chambre, voir même de l'extraire si l'action est "virile".
il suffit de remettre une cartouche vive dans la chambre, de refermer la trappe pour que l'arme soit prête à faire feu à nouveau (après avoir tiré le chien à l'armé, bien entendu).

La crosse est en noyer, l'arme est légère, maniable, et agréable à épauler.

La hausse comporte un feuillet, et permet d'obtenir une visée sur 3 distances, respectivement de 300, 500 et 800 yards (ce qui parait très optimiste).

il y a peu de marquages sur mon arme, moins d'ailleurs que celles que l'on trouve "théoriquement" sur d'autres modèles qui se font déjà rares, à l'exception de celui du fabricant, que l'on retrouve sur toutes les exemplaires, sur le coté gauche de la carcasse.

Un "L" poinçon d'inspecteur sur plusieurs parties de l'armes, de même qu'un "NE" gravé sur la crosse, sans doute également un poinçon d'inspecteur.

Par contre l'arme porte également un marquage manifestement non "réglementaire", un LD" gravé artisanalement à première vue, sur le boitier, également coté gauche, à coté de celui du fabricant.

J'ai la chance d'avoir récupéré l'arme avec un deuxième bloc de percussion, facilement interchangeable, conçu après la guerre, et qui permet d'utiliser les munitions à percussion centrale, cette fois-ci, de .56-50 Spencer.

Il ne me reste plus qu'à passer au rechargement ("doux", et à poudre noire bien entendu) de cette munition, dont j'ai des douilles de fabrication "Starline", à amorce Large Riffle (voir Large Pistol ?), et le Jeux d'outils correspondant, de marque LYMAN.

Pour la poudre, ce sera de la Suisse N°2, à première vue.

Reste à trouver les projectiles convenables, ou le moule qui me permettra de les couler.


Et maintenant, quelques photos:

























































































En la comparant avec une autre carabine de cette époque, plus connue comme la Remington Rollling Block, on peut se rendre compte que ces armes sont finalement assez proche, étant destinées à une même fonction: équiper des troupes montées, avec des armes faciles à recharger (cartouche métallique, alors que la majorité des armes de la "ligne" sont (et resteront pendant tout le conflit) des armes à percussion, et chargement "par la bouche".


L'un de mes amis, ENHABDEC (l'homme aux jolies boites de munitions Old West reconstituées) va me prêter son moule fait "sur mesure" aux USA pour les cartouches de .56-50 Spencer, identiques à celles qu'il me faut.

Je devrai donc pouvoir la faire tirer très prochainement (je vous tiendrai au courant, bien entendu)

Je ne connaissais absolument pas cette magnifique carabine !!!

Merci à toi, très cher Jeppesen pour cette belle découverte en splendides photos.

Très beau à regarder et instructif et intéressant à lire...
Fortement apprécié !

Nous attendons avec impatience les résultats de tir de cette beauté !!!!

Yeeeeehhhaaaaaaaa !!!!

Je plussoye le commentaire de Steve...

Pour info, ce sont bien des amorces Large Rifle.

Tu as fait là une belle acquisition, Jeppesen, avec une carabine rare dont 1500 exemplaires seulement ont été fabriqués en 1864 par la Massachusetts Arms co. + 2500 exemplaires  fabriqués en 1865 par Greene Rifle Works.

Environ 2500 de ces carabines ont été revendues à la Défense Nationale lors de la guerre de 1870, et j'ai tendance à croire que c'est de là que vient la tienne, vu sa remise en blanc.

Une petite question: lorsque tu parles de bloc de percussion centrale fabriqué "après la guerre", je suppose que tu parles de la seconde guerre mondiale, car les cartouches Spencer 56-56, 56-52 ou 56-50 n'ont à ma connaissance existé qu'en percussion annulaire, celles à percussion centrale étant des productions modernes à ce que j'ai lu.

PS. C'eut été quand même un comble qu'ENHABDEC te fasse payer la location de son matériel de rechargement...

Je rejoins les amis pour te féliciter pour cette acquisition et la qualité de ta relation

Je ne connaissais pas cette arme proche de la Rolling Block, grâce a toi c’est fait ....merci

Quant à la qualité des armes que tu nous présente........que du Top

Cdt

L’AB

Puisque vos semblez vouloir en "savoir plus" sur cette WARNER Carbine, et sa munition, voici quelques renseignements supplémentaires.

Le brevet déposé et accepté de son inventeur (directeur par ailleurs de la manufacture de Springfield) a été déposé le 23 Févier 1864, sous le N° 41.732.

Mais il avait déjà réussi à "vendre" son arme à l'US Ordnance, via un contrat du 13 Janvier 1864 (en fournissant toutefois un prototype).

Une première commande de 1000 armes (à 18 $ pièce) fut passé, avec une livraison prévue pour le 1er Mai 1864.

Les armes fut en fait livrées en fait à la mi-Juin 1864.


D'après les historiens spécialistes, après de longs débats et valses hésitations, il est apparu que les premières armes livrées furent en fait fabriquées par une autre entreprise, la Springfield Armory étant déjà bien occupée par ailleurs.

Cette entreprise , du nom de GREENE, livra une première version de cette arme, qui fut améliorée par la suite avec les production de WARNER à Springfield.

500 armes de plus, disponibles, fabriquées "hors contrat" furent immédiatement achetées également en Novembre 1864, au prix de 20 $ la pièce.

Les premières armes étaient chambrées pour la cartouche de .50 Warner (RF), vite critiquée pour sa faible puissance.


L'US Ordnance ayant décidé en Décembre 1864 d'uniformiser les calibres de ses armes autant que possible, choisit la munition, donnant toute satisfaction, de la firme Spencer, de calibre .56-56 RF pour les carabines.

Les armes initiales furent donc re-chambrées pour la plupart dans ce calibre, les autres étant alors fabriquées directement pour cette munition.


En décembre 1864, une nouvelle commande de 2500 carabines, chambrant donc la nouvelle munition de 56-50 (RF) fut passée. Les armes furent livrées entre février 1865 et Mai 1865, pour le prix de 20 $ pièce.


Ces armes furent utilisées par le Third Massachusetts et le First Wisconsin Cavalry regiment.

Les armes initiales, provenant de la fabrication "GREENE" furent très critiquées pour une certaine fragilité, et surtout pour les problèmes de munitions (mais une expertise révéla que le fabricant de la plupart des cartouches avait été négligent, et les cartouches parfois dépourvues même de fulminate d'amorçage !).

Les armes de fabrication WARNER chez Springfield ont eu bien meilleur presse, et étaient réputées "précises".


En ce qui concerne les calibre de chez SPENCER, désignés sous les appellations .56-56, .56-52, .56-50, il faut savoir qu'elles ne correspondent pas à ce qu'on a l'habitude d'avoir pour les munitions US, où le premier chiffre donne (approximativement) le calibre de la cartouche, et le second chiffre la charge de poudre noire.

Chez Spencer, le 1er et le 2ème chiffre donnent...le diamètre du projectile à sa base et à sa partie supérieure "avant" la partie tronconique. En conséquence, la balle de .56-56 est parfaitement "cylindrique", alors que les autres ont une légère variation de diamètre sur leur longueur. Mais, au final, elles peuvent normalement se chambrer pratiquement dans la même arme, ou avec très peu d'adaptation de l'une à l'autre, selon la rigueur de fabrication.

L'appellation en fait, signale plus simplement une différence de sertissage faisant varier le diamètre du projectile dans le corps de douille, si j'en crois mes lectures...


Pour ce qui est de la finition du canon, les armes ont été, dès l'origine, livrées en finition "bronzée" ("Blued") ou en "blanc" ("Bright").

Les armes livrées à la France n'ont donc, pour une fois, pas forcément été passées "poli blanc", chez nous.


Il aurait été livré à la France quelques 2400 armes de ce type, livrées à bord du navire "ONTARIO" qui accoste au HAVRE le 23 novembre 1870.

Le problème (et il y en a eu d'autres avec ces achats fait auprès de véritables margoulins aux USA) a été que les munitions livrées avec les armes étaient le reliquats de cartouches de .50 Warner (du 1er type donc) non utilisées lors du conflit aux USA suite au re-chambrage des armes en .56-50 !

Les armes furent expédiées à l'arsenal de Bayonne, où il semble bien qu'elles restèrent stockées, pour leur grande majorité.

Le pire, c'est que les français disposaient de munitions qui auraient pu faire l'affaire, les cartouches de .56-52 livrées avec les carabines SPENCER, et qui auraient pu être utilisées avec les WARNER, mais les officiers français n'en savaient rien !


Pour ce qui est des cartouches SPENCER  initiales de la Civil War, elles étaient effectivement à percussion annulaire (Rimfire). Ces munitions ont d'ailleurs étaient fabriquées jusqu'en 1920.

Cependant, le "bloc percuteur" de conversion à la cartouche métallique semble plutôt être apparu autour des années 1900...et non pas après la seconde guerre mondiale !    


Bonne soirée à tous  

Merci pour toutes ces précisions très détaillées, Jeppesen. J'ai noté une différence avec ce que dit Flayderman, à savoir selon lui que les 1500 premières carabines ont été fabriquées par la Massachusetts Arms Co. sous la direction de Warner en 1864, et les 2500 suivantes par la
Greene Rifle Works en 1865.

Quant au bloc de percussion centrale, j'ai effectivement lu dans un forum américain que des reconstitueurs utilisaient déjà des cartouches Spencer à percussion centrale au début des années 1950.

Pour le "bloc percuteur", ce n'est pas très clair, donc rien de certain.

Pour ce qui est de la fabrication par GREENE ou WARNER, j'ai un document qui précise que pendant longtemps les historiens ont pensé que les premières fabrications étaient de WARNER (Springfield) et les suivantes de chez GREENE, mais que des études plus récentes montraient que c'était l'inverse, suivant plusieurs pistes, et une certaine "logique": les armes livrées par WARNER semblent bien être des versions "améliorées" par rapport à celles livrées par GREENE, et il serait assez illogique de fabriquer des armes moins bien conçues après des armes plus abouties.

Il y a aussi les numéros de séries des armes disponibles, mais là, rien de vraiment probant malgré tout car les archives n'existent plus, et rien ne prouve qu'il y ait eu une logique de numérotation entre les différentes séries, d'après le même document. Il peut y avoir une renumérotation à chaque série de fabrication (3 séries à-priori, au minimum).

Le document se base aussi sur l'évolution du brevet, entre le premier déposé en février 1864 et le second le 27 décembre 1864, qui précède curieusement d'un jour le contrat de 2500 armes, fabrication WARNER, chambrées en .56-50.

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Most authorities have assumed that the Warner-Springfield
was produced first and followed by the "improved" Warner-Greene.
This assumption is obviously erroneous. The Warner-Springfield is
clearly an advancement over the Greene variety; further, it is
inconceivable that Warner would have produced a superior, un
patented carbine in the summer and fall of 1864 and made an
inferior one in the following winter after patenting the earlier one;
surely, it would have been idle and meaningless to obtain the patent
in December, 1864, and then manufacture a carbine conforming to a
patent issued the previous February.
Thus, it is safe to conclude that these first 1501 carbines
delivered were of the Warner-Greene variety firing the special
Warner cartridge. The writer hastens to recognize that a few
Warner-Greenes bear a serial number beyond 1500. The system of
numbering the Warners has never been understood; no doubt, some
Warner-Springfields have a number preceding 1501. Serial numbers
have little weight, and are certainly not conclusive, in determining
the order of manufacture of these carbines

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voici un extrait du texte en question, écrit par un certain Robert HOWARD.

il y a de quoi "creuser" sur ce sujet, semble t-il.

Le fait est, comme R.HOWARD le dit plus loin dans son article, que la carabine WARNER n'a pas connu la même notoriété que d'autres armes produites à cette époque, car, outre le relativement faible nombre d'exemplaires produits, c'est la seule arme militaire que WARNER est conçue et produite, et elle a donc peu intéressé les amateurs, d'autant que sa fin, lors du conflit en FRANCE n'a pas été suivi d'une brillante renommée, puisque les français l'ont fortement décriée...suite au manque de munitions adaptées (rappelons que les "truands" qui les ont fournis, ont livré des cartouches obsolètes qui ne pouvaient fonctionner correctement dans ces armes finalement rechambrées ou directement fabriquées dans le calibre retenu par l'US Army, à savoir le .56-50 Spencer, et non le .50 Warner , ce que les français ignoraient !


J'avoue que j'aimerai bien en savoir plus sur ce "bloc percuteur" adapté à la percussion centrale.

Sa conception/fabrication semble ancienne, tellement il ressemble au bloc d'origine à percussion annulaire ! Mais bon, le laiton, après quelques années prend une belle "patine"...et difficile de lui donner un âge, du coup .

Je vois que nous sommes un peu dans le même cas qu'avec le Colt Pocket Of Navy Caliber pour lequel j'ai écrit un post : Flayderman avait écrit un premier article sur l'arme qu'il a ensuite totalement modifié à la suite de nouvelles recherche. Il semble qu'il en soit de même pour cette carabine Warner, sauf que là, Flayderman est décédé avant de pouvoir revoir ses écrits...

Pour les cartouches Spencer à percussion centrale et donc le ou les blocs culasse correspondants, je n'ai rien trouvé d'autre dans ce que j'ai vu sur internet que cette référence au début des années 1950. Je doute cependant qu'ils datent d'avant la 2ème guerre car dans les années 20 ou 30, il n'y avait pas grand monde pour s'intéresser au tir aux armes anciennes.

J'ai récupéré le moule "qui va bien", que mon ami a commandé chez "Old West Mold" pour sa carabine Spencer, qui tire la même munition.

Et une poignée de cartouches.

Je ferai une "coulée" mi-septembre, par manque de temps avant.

Et les essais de tir dans la foulée














Projectile de 350 grains et de .518" de calibre. très proche de la balle d'origine, mais avec la pointe légèrement "aplatie" au lieu d'être complétement "ogivale";

Merci Alain, superbe présentation avec beaucoup de belles photos, un régal pour la rétine

Merci Hyp, à un de ces jours, j'espère ! (le "Sabot rouge" ? )

Magnifique carabine.

Le "mi-septembre" s'est finalement transformé en "mi-octobre"... .


Je viens de couler mes projectiles cet après-midi, avec un beau soleil (et même très chaud !).

Je pense que j'en ferai une nouvelle série dans la semaine, si le temps le permet (c'est à dire pas de pluie, pour pouvoir couler en extérieur).


Je rechargerai cela à l'occasion, mais avant la fin du mois (enfin, je l'espère);

Les essais de l'arme se feront donc "en fonction" de ce rechargement, et là encore du temps, je voudrai autant que possible que le temps ne soit pas trop humide: PN et humidité, pas bon pour une vieille Demoiselle qui mérite que l'on prenne soin d'elle

On est curieux de voir cette demoiselle à l'oeuvre !!!!!

J'ai fabriqué ma "graisse maison" lundi dernier, et rechargé quelques cartouches hier.

Au final, j'ai opté pour 2,1 grammes de suisse N°4, une rondelle "carton/alu" (une face cartonnée, une face recouverte d'alu), et mon projectile coulé avec le moule présenté ci-dessus;

Je mettrai quelques photos dès que j'aurai un petit moment


Je pense que je testerai ça lundi prochain, avec quelques autre cartouches rechargées avec 1,6 gramme de Suisse N°4 et un "soupçon" de semoule, et tojuors une "rondelle" et le meem projectile.



On verra bien ce que cela donne

Grrrrrrr...

Tu nous fais languir !!!!
Curieux de voir cela ....