La carabine Gibbs ou la belle arnaque

Continuons la série des carabines de cavalerie de la civil war avec la carabine Gibbs, arme monocoup à cartouche papier de calibre .52. Celle-ci fut mise au point en 1856 par M. Gibbs, qui s'associa avec deux autres types pour monter une société et si possible, obtenir un contrat de l'armée.

Il fallut attendre 1860 pour que Gibbs puisse présenter à l'intendance 20 exemplaires de sa carabine entièrement faits main ! Assez bizarrement, les trois associés obtinrent très vite une commande de 10 000 carabines et 10 000 fusils à livrer au cours de l'année 1862. Malheureusement, avec le début de la civil war en 1861 et la très forte demande en armes, les compères furent incapables de trouver les machines-outils permettant de satisfaire la commande.

Après maintes tractations avec l'intendance, ils réussirent à ce que la commande de fusils soit abandonnée, et ils s'engagèrent à fournir les 10 000 carabines pour le mois d'août 1862, promesse qu'ils ne purent une fois de plus tenir. Totalement dégoûtés, les associés revendirent leur société en sous-main pour 65 000 dollars à un certain M. Updike, Maire de New-York, celui-ci ne voulant pas que son nom apparaisse.

Avec ses connexions et beaucoup de corruption (comme c'est étonnant de la part d'un élu...), Updike réussit à obtenir des machines-outils, ainsi qu'à embaucher du personnel qualifié, et la production put enfin démarrer pour assurer la livraison de 2 fois 500 carabines en mai et juin 1863. Mais au matin du 13 juillet 1863, alors que 500 autres carabines étaient prêtes à être livrées et que les pièces nécessaires à la fabrication de 6 000  étaient en cours, le gouvernement de l'union décida  la conscription générale.

Cette décision du gouvernement déclencha une émeute parmi les jeunes new-yorkais qui se rendirent à la manufacture pour y voler des armes. Mis une première fois en déroute par la police, Ils revinrent quand cette dernière eut quitté les lieux et mirent le feu à l'usine qui fut totalement détruite avec tout ce qu'il y avait dedans.

Sur ordre de M. Updike, dont personne ne savait qu'il était le véritable propriétaire, les dirigeants fictifs de la société attaquèrent la ville de New-York en arguant du fait que, si la police était restée un peu plus longtemps, l'usine n'aurait pas pu être brûlée par les manifestants. La justice leur donna raison, et le Maire put ainsi encaisser la jolie somme de 192 000 dollars versés par sa propre ville ! Comparé à son investissement initial de 65 000 dollars, l'affaire était bonne.

L'usine ne fut d'ailleurs jamais reconstruite et le reste de la commande de l'armée ne fut jamais livré...

Très intéressant comme toujours !

De Gibbs, je ne connais que le fusil de tir mis au point vers 1865 par George Gibbs, un anglais.
Aujourd'hui, Pedersoli propose une réplique de ce fusil, considéré comme un des meilleurs dans les concours Poudre Noire.
Le Gibbs présenté par Pat était plus en avance dans son fonctionnement que l'anglais, encore à chargement par la bouche.
Une belle découverte !

A nouveau une belle arme avec un système de chargement des plus intéressant pour l'époque...
Je ne connaissais pas cette carabine Gibbs.
Je la trouve bien jolie !

Ce qui est aussi à nouveau clair dans l'histoire parallèle à cette intéressante arme est que les riches s'enrichissent bien sur le dos de pauvres gens.
(car c'est la 'communauté' qui a du payer !!!!)
Rien n'a changé à ce niveau...
Triste monde !

Merci pour cette nouvelle découverte, très cher Patibulaire.