La fameuse clavette des Colts

Je commencerai ce post en priant les membres de ce forum de m'excuser par avance, car je suis à un age où on oublie très vite ce qu'on a dit ou écrit, et je l'ai donc peut-être déjà fait pour ce qui va suivre, que ce soit sur ce forum ou un autre.

Si je veux parler de la clavette des Colts, c'est parce que je possède un Colt Army 1860 fabriqué en 1862 qui a participé à la guerre de sécession et qui présente une petite particularité : toutes les pièces sont au même numéro 43XXX, sauf la clavette qui porte le numéro 5812 (seuls les 4 derniers chiffres  étaient reportés sur les petites pièces ou parfois sur le barillet par manque de place.

Et cette particularité se retrouve sur un grand nombre de Colts qui ont participé à la civil war. Mais pourquoi ? Eh bien tout simplement parce que les militaires, de retour au camp après la bataille, se réunissaient en petits groupes autour du feu de camp et avant d'aller se coucher, ils mettaient le canon (et donc la clavette) avec le barillet dans la grande cafetière réglementaire où subsistaient les marcs du café du matin. En remuant de temps à autre, ces marcs délogeaient ainsi les résidus de poudre noire.

Au moment de remonter les armes, chacun faisait généralement attention à associer canon et barillet au même numéro, mais pour peu que le départ soit décidé un peu plus tôt que prévu, c'est la première clavette attrapée qui faisait l'affaire. Ceci explique ces fréquentes différences de numéro de pièces.

Voilà une anecdote que je connaissais pas !
Etonnant et intéressant sur les façons de faire quand on est en campagne !

Très intéressant.....

J'avais lu quelque part que les clavettes des Colt d'époque étaient finies à la main pour se loger à perfection à leur place prévue et ainsi garantir et sécuriser la tenue parfaite du canon.
Si les clavettes étaient parfois interchangées par les militaires, les armes ne devaient plus vraiment être 'au top' ?I
Ou cela n'a-t-il qu'un impact limité.

Ce que je sais par contre c'est qu'une clavette mal ajustée rend le démontage de l'arme (après le tir) bien plus pénible.
Je parle d'expérience car un jour le petit ressort d'une de mes clavettes s'est cassé.
J'ai remplacé la clavette par une nouvelle.
Le revolver ne s'est plus jamais démonté aussi aisément que préalablement au remplacement de sa clavette..
Exception ? Règle ? Quelqu'un a d'autres expériences ?

Intéressante explication, merci Patibulaire.

Si j'avais dû parier sur une explication j'aurais juste dit que les clavettes étaient la partie de l'arme la plus facile à perdre et qu'au fil du temps elles avaient été perdues et remplacées.

Sinon je me suis fait la même réflexion que Steve concernant l'ajustement des clavettes mais peut-être que quand un soldat prenait une clavette au pif et qu'elle ne se montait pas bien sur son arme il faisait l'effort de trouver la bonne dans la cafetière

En espérant qu'aucun n'ait avalé une clavette en buvant le café froid (café glacé avant la lettre) avant de partir pour le champ de bataille...
Sinon au moins un militaire aurait eu des problèmes !

Hahahahahahahahahaha !

Statistiquement, cela a dû arriver

Ma clavette est au bon numéro...


Par contre, tu as de la chance que le cartouche est encore visible sur ta crosse, cher Patibulaire.
Sur mon exemplaire (et j'ai beau regarder à la loupe) plus rien n'est visible  !!!













De plus, quand on y regarde bien ... grrrrrrrrrrr,  on remarque également qu'il manque un 'teton de sécurité' à mon barillet.
Je vais demander à mon copain de m'en tourner un nouveau (que je vieillirai) sur son tour à métal.

Steve, les Colts ayant encore tous leurs tétons de sécurité doivent représenter guerre plus de 10 % de la totalité de ceux qui subsistent.

Je ne sais même pas combien des miens les ont encore...

Pat,
A ton avis, qu'est-ce qui a éliminé ces tétons alors que généralement le reste du revolver est en bon état ?
Ce ne sont pas des pièces d'usure ?!?

Lone Rider, je pense effectivement qu'il s'agit tout simplement de l'usure car ces tétons sont vraiment mini-mini. Je ne vois pas d'autre explication. Si quelqu'un a une idée...

Steve, pour ma part, je ne crois pas à cette histoire de clavettes adaptées manuellement une à une car tu remarqueras qu'elles ont une forme trapézoïdale qui leur permet de s'adapter à tous les revolvers, et également de rattraper un éventuel jeu. Samuel Colt est par ailleurs connu comme ayant été le pionnier de la standardisation. Il suffit par exemple de voir les Colts SAA Artillery à canon de 5 1/2 pouces qui ont été remontés dans les arsenaux de l'armée sans tenir aucun compte du numéro des pièces.

Autre questions sur cette fameuse clavette...

° Faut-il frapper la clavette avec un marteau laiton/bois/plastique en place ou une pression du pouce suffit-elle ????
° Faut-il préalablement dévisser (complètement ?) la visse de clavette ?
° Faut-il visser à fond la visse de clavette une fois celle-ci installée ?

En ce qui me concerne, Steve, je donne juste un petit coup avec le cul du manche en bois d'un tournevis pour mettre la clavette en place, et je ne dévisse jamais la vis, ceci n'étant nécessaire que lorsqu'on veut extraire complètement la clavette.

Idem pour faire sortir la clavette avec un petit coup sec à l'aide du manche de tournevis.

Certains tireurs prétendent qu'une clavette doit être ajustée pour entrer et sortir à la seule force du doigt.
Perso, je trouve ça un peu léger pour tirer : la secousse du tir risque de faire bouger la clavette.

Donc, je l'enfonce DOUCEMENT avec un petit maillet en bois ou en plastique.
Faut pas taper comme un sourd, juste assurer le blocage de la clavette et vérifier la rotation du barillet.

Pour la sortir, j'utilise une petite tige de laiton au bout aplati en rectangle au format du bout de la clavette.
Je pose le canon du revolver sur le manche en plastique d'un tournevis de façon à soulever un peu le revolver et je repousse la clavette avec mon outil en laiton à petits coups de maillet.
Au besoin, le bout de l'outil peut entrer un peu dans le logement si la clavette résiste, ce qui est le cas sur certains revolvers.

La vis reste toujours serrée en place sauf si je veux faire un démontage intégral assez rare.

° Curieusement j'ai des revolvers dont la visse est aplatie d'un côté.
Elle n'est donc PAS complètement ronde (si je me fais bien comprendre)
Le côté plat est sensé se trouver au dessus de la clavette.

Quid ce genre de visses alors.


Je me demande (comme il faut frapper la clavette et place et employer un ustensile pour la déloger) comment cela se passait à l'époque sur le champ de bataille entre les balles qui sifflaient autour des oreilles des soldats...
Il n'est tout de même pas possible qu'ils devaient agir de la même façon ??!!!!

Y a-t-il des écrits militaires (drills) d'époque de 'comment recharger son Mod. 1860 sur le terrain' ?
Ce serait intéressant de pouvoir lire cela !!!!!

(Je ne tire plus depuis plus de 5 ans et je pousse depuis mes clavettes à la main dans mes armes après nettoyage et lubrification....)

"Tout tout tout
Vous saurez tout sur la clavette
La vraie la fausse
La laide la belle
La dure la molle
Qui a un grand bord
La grosse mal foutue
La p’tite  bien foutue
La grande pétée
La démontée
Tout tout tout tout
J’ vous dirai tout sur le zizi"


Maintenant avouez que avez lu ça en chantant

Apparemment, Steve, si tu as des armes originales avec la vis aplatie d'un côté, j'ai tendance à penser que cela a été fait par un ancien propriétaire qui voulait pouvoir extraire complètement la clavette sans avoir besoin de tournevis.

Quant à la façon de démonter cette clavette sur le champ de bataille, au vu des marques de coups à cet endroit sur la plupart des originaux, tout ce qui tombait sous la main devait servir, et notamment souvent une simple caillasse.

Pour ce qui est de la vis à bord aplati (ou retaillé...) d'un côté, j'ai ça sur mon nouveau Uberti 1860 conversion Richards.
Quand la clavette est en place, il faut tourner la vis à fond de façon à ce que la partie arrondie bloque la clavette en venant se positionner dans un petit évidement au-dessus de la clavette.
Avant de sortir cette dernière, il faut dévisser la vis d'un demi-tour de façon à présenter la partie plate juste à ras de la clavette et de son logement pour qu'elle ne soit plus dans le passage de la clavette.
Ainsi, elle va sortir complètement.

A noter qu'au tout premier démontage, je n'ai pas vu ce système de vis à bord aplati et j'ai insisté pour sortir la clavette qui paraissait récalcitrante.
J'ai cassé la vis....
Heureusement, dans mon bazar, j'en avais une de même format qu'il m'a suffi de retailler pour obtenir le fameux bord plat et remplacer l'autre.
Mais, on a l'air con avec une arme neuve que l'on vient d'abîmer.
A ma décharge, je n'avais jamais vu ce système sur mes autres revolvers.

Toutes les vis de mes originaux sont rondes. Ces vis aplaties seraient elles une astuce des fabricants italiens de répliques ?

Peut-être mais alors, uniquement sur ce modèle et sans doute sur des modèles "voisins", genre conversion Richards-Mason et Open-Top.
Sur le site Uberti, ces revolvers sont présentés côté droit et la vis est à gauche.

Sur les photos d'originaux, on voit une vis ronde et manifestement, un évidement qui court sans doute sur toute la longueur de la clavette.
Si Uberti s'était inspiré de ses autres modèles, la vis pourrait être ronde.

Une photo de 2 clavettes Uberti:
- à gauche, la clavette du 1860 Richards avec son évidement et qui n'a pas de ressort
- à droite, celle d'un 1860 à percussion où la vis arrête simplement l'extrémité du ressort :

Ben, déjà (sans y avoir été, j'suis pas assez âgé...mais j'ai quelques idées sur "l'ambiance" qui devait y régner), je doute qu'un seul soldat ait jamais eu l'idée de démonter son arme pendant le combat, sur le champ de bataille !

Après ça, le "soldat" de "base" n'a jamais été réputé (où que ce soit, dans quelques armés que ce soit...sauf "un peu" dans l'armée allemande des XIXème et XXème siècle (et encore ?) vu la "discipline de fer" qui y régnait) pour sa délicatesse envers ses armes, durant ces époques, où le "niveau moyen" d'éducation n'était pas très élevé, et la plupart des soldats habitués à de durs labeurs, que ce soit "aux champs" ou "à l'usine"...

D'où la nécessité d'avoir des sous-officiers "aboyeurs" et quasi tyranniques pour faire régner un minimum de discipline.

Donc, et "en campagne", le soldat (même l'officier "subalterne" qui partageait le "confort" de sa troupe la plupart du temps) devait utiliser ce qu'il avait sous la main selon les circonstances pour démonter son arme, et la nettoyer, durant un moment de répit bien mérité.


Pour ce qui est de la "vis" de clavette, il est prévu (si je ne me trompe pas) de la dévisser "légèrement" pour permettre le retrait de la clavette (et sa remise en place) sans avoir à la démonter complétement, pour éviter justement de la perdre.

Et pour ce qui est de retirer la-dite "clavette", ben ça devait dépendre des moments...des fois, elle sort "presque toute seule", et des fois "faut appuyer fort" (voir "taper" dessus", j'utilise un petit marteau à tête "nylon synthétique", qui ne marque pas le métal...en théorie du moins).

Et ça dépend aussi des armes, si j'en crois mon expérience personnelle avec mes différents "cap's & ball".


P.S: pour ce qui est du "pot de café" dans lequel on fait tremper les armes pour les nettoyer...j'ai comme un doute sur la véracité de l'anecdote...mais je peux bien entendu me tromper      


La perte de la clavette, et donc son remplacement nécessaire me parait une cause plus probable de numérotation différente

OK....

Mais durant les batailles il fallait quand même recharger son revolver 6 coups...
Pour cela il fallait, si je ne m'abuse, le démonter pour y mettre un autre barillet chargé !!!
Ou bien (encore pire) recharger son barillet vide entre les balles sifflantes de l'ennemi avec, au meilleur des cas, des charges 'pré-moulées'...

Les soldats de l'époque ne possédaient-ils pas plusieurs barillets voire peut-être des clavettes de rechange ???
Car que faire d'un 1851 ou 1860 sans clavette ????
Le jeter vers la tête de l'ennemi ...

Il y avait tout de même déjà une logistique.
Cette clavette (et sa perte assez probante) me semble dès lors une grosse 'épine dans le pied' pour l'homme du terrain et un casse-tête pour les logisticiens.

Taper avec des pierres sur son arme me semble aussi assez 'extrème'...
L'armée US de l'époque aurait-elle autorisé cela dans ses procédures et drills militaires de démontage de l'arme de service  ???

Le débat 'clavette' est lancé, me semble-t-il  ...


   

Allons, allons les mais, voyons !

Déjà, pas si sûr que les gars rechargent "au contact...trop long et rendant peu disponible: dans ces cas là, c'est "baïonnettes" pour la "ligne" (les fantassins, quoi), sabre pour les officier "à pied" et pour la cavalerie...ou..une prudente retraite, si l'ennemi en laisse le temps...

Sinon, les gars chargeaient leur armes avec...des cartouches, bien entendu !

Des cartouches papiers, soigneusement emballées dans des petites boites de 6, elles-même contenues dans de plus grosses boites de 100 paquets de 6, donc 600 cartouches dans la boite.

Du moins pour ce qui est du "Nord", mais je crois bien que c'était le même principe "au Sud".

Je vous mettrai des photos demain, là je n'ai pas trop le temps.

Il ne restait plus qu'à installer l'amorce sur les cheminées...et rien que ça, ça ne pouvait pas se faire "au contact", ou "à cheval", raison pour laquelle les cavaliers (surtout du Sud) emportaient plusieurs révolvers qu'ils utilisaient pendant leurs charges (de fait, ce genre de combat durait rarement très longtemps ,sauf quelques rares exceptions connues).

Oui... c'est ce que j'ai fautivement nommé 'charges pré-moulées' :

J'ai beau préférer les Colt, on comprend pourquoi Remington a convaincu son public avec le 1858... fini la clavette

Oui... et en '73, Colt avait également résolu le problème de cette satanée clavette !!!!

Yeeeeeeehhhhhaaaaaaaaaaaaaaa